1945 — 1960

Guerre, Libération, reconstruction

Bâti d'une soufflerie en montage au laboratoire de la soufflerie à Meudon, 1947

© Fonds historique/CNRS Photothèque

En mai 1940, l’offensive allemande vient interrompre l’effort de mobilisation entrepris sept mois plus tôt par le CNRS.

L’établissement, qui compte près d’une quarantaine de laboratoires et un millier de chercheurs, ingénieurs et techniciens, surtout regroupés en région parisienne, s’est néanmoins acquitté de quelques belles réalisations. Parmi elles figure un procédé de protection des navires contre les mines magnétiques allemandes : œuvre d’un jeune physicien, Louis Néel, futur prix Nobel en 1970, la méthode est reprise par l’Amirauté anglaise qui s’apprête à poursuivre le combat.

Parade allemande à Paris, juin 1940

© Bundesarchiv

Après la débâcle, le CNRS subit, avec l’ensemble du pays, les tourments de l’Occupation.

Premières victimes de ce dénuement, ses personnels paient aussi un lourd tribut aux mesures d’exclusion dictées depuis Vichy : les lois anti-juives privent les laboratoires de chercheurs, d’ingénieurs et de techniciens frappés dans leur activité, voire dans leur existence. Les fondateurs du CNRS eux-mêmes ne sont pas épargnés. Jean Perrin, qui a choisi l’exil dès juin 1940, s’éteint deux ans plus tard à New York. Jean Zay, lui, est emprisonné en octobre 1940 par le régime du maréchal Pétain, puis sauvagement assassiné par sa milice le 20 juin 1944. Récemment, ils ont été réunis sous la coupole du Panthéon : Jean Perrin y a fait son entrée dès 1948 ; Jean Zay l’a rejoint en 2015. Les deux pères du CNRS reposent aujourd’hui dans le temple de la Nation…

Une rue parisienne en 1941

© Bundesarchiv

Jean Zay, ministre de l’éducation nationale et Marc Rucart, Garde des Sceaux 1937

© Domaine public

Jean Zay rejoint Jean Perrin au Panthéon 2015

© Wikimedia commons/Y. Caradec

À la Libération, le CNRS voit arriver à sa tête des personnalités soucieuses de rompre avec les pratiques autoritaires de la période vichyste.

Frédéric Joliot-Curie d’août 1944 à février 1946, puis son successeur Georges Teissier jusqu’en 1950, entendent associer les « travailleurs scientifiques » à la définition des enjeux de la recherche et de la politique scientifique du pays. Sous l’impulsion du général de Gaulle, l’année 1945 voit la création d’un nouvel organisme de recherche, consacré à l’énergie nucléaire, le CEA. Parmi d’autres organismes, en 1946, la création de l’Inra, dédié à la recherche agronomique, complète le paysage naissant de la recherche publique. Un « Parlement de la science » est établi en 1945, le Comité national de la recherche scientifique, une instance promise à une belle pérennité : il continue de jouer, aujourd’hui encore, un rôle essentiel au sein du CNRS et, plus largement, dans la vie scientifique de notre pays.

Frédéric Joliot-Curie, à la tête du CNRS d'août 1944 à février 1946

© DR

Georges Teissier, à la tête du CNRS de 1946 à 1950

© DR

Le CNRS connaît une croissance régulière.

Passée la période de l’immédiat après-guerre, pendant laquelle ses budgets restent contraints, le CNRS connaît une croissance régulière.

Chaque année, il crée de nouvelles formations, en Île-de-France et, de plus en plus, dans les départements – des centres de recherche prennent ainsi leur essor à Grenoble, Marseille, Strasbourg, Toulouse…

Fidèle à ses missions, il contribue au développement de domaines qui peinent à trouver leur place au sein de l’Université : un nouveau campus fondé en 1946 à Gif-sur-Yvette, au sud de Paris, joue par exemple un rôle notable dans l’épanouissement et le rayonnement de la génétique française à partir des années 1950.

Campus de Gif-sur-Yvette en construction

© CNRS

Laboratoire de biologie du froid, Meudon, 1959

© CNRS Photothèque/Fonds historique

Le CNRS participe au développement de domaines qui peinent à trouver leur place au sein de l’Université

Le phytotron

Extrait de « Le phytotron », 1969, 28mn Auteur : Pierre Chouard Réalisateur : Eric Duvivier Production : CNRS, Sciencefilm
→ Vidéothèque

© Archives IRHT

Jeanne
Vielliard

Historienne
La première femme directrice d’un laboratoire CNRS

© CNRS

Georges
Teissier

Zoologiste et généticien

Un des pionniers de la génétique des populations

© Fonds historique/CNRS Photothèque

Louis
Néel

Physicien
Prix Nobel 1970

Le « pape » du magnétisme de l’entre-deux guerres

Frédéric
Joliot-Curie

Chimiste et physicien
Prix Nobel de chimie en 1935

Il plaide en faveur d’un « parlement de la science »

Ils ont dirigé le CNRS

1944 — 1946

Frédéric Joliot

1946 — 1950

Georges Teissier

1950 — 1957

Gaston Dupouy

1957 — 1962

Jean Coulomb